CONCOURS DE POÉSIE DE CAVALAIRE 15 février 2015
sur le thème de » L’EAU «
De la mer, à la mer…
Le soleil me réchauffe, moi la vague indécise,
Celle qui roule et qui claque, supportant des vaisseaux,
Transportant des icebergs du confins des deux pôles
Jusqu’aux grands continents. Prenez garde marins !
Le soleil me câline et je deviens mer chaude,
Si chaude que dans les airs bientôt je me condense,
Et matière éthérée, je monte vers les cieux
En volutes légères, mouvantes et précieuses.
Ne suis-je pas naissance d’une manne indispensable
A la survie des hommes sur la planète bleue ?
Sans tarder je m’étoffe et construis des nuages,
Cheveux effilochés torturés de lumière,
Vivant ma propre vie sous l’effet du zéphyr,
Me transformant sans cesse, accentuant ma force
En passant de cirrus à cumulonimbus.
En leur sein je me cache, mise en gouttes, mise en neige,
Prête à fondre sur terre, donner vie aux déserts
Et y faire renaître une végétation,
Prête à la recouvrir d’une capeline blanche
Et lui donner sommeil, muselant tous les sons,
Mais également prête, dans une heure de colère,
A tout anéantir pour peu que l’on m’endigue.
C’est alors que mes gouttes, faisant révolution,
Se rassemblent, se regroupent, et deviennent légions.
On dit qu’il pleut des cordes, mais là je m’en libère.
En trombe, en déluge, je retombe sur terre,
Et l’on voit simples flaques devenir grands ruisseaux,
Partout dans la montagne enfler torrents, cascades,
Et comme une furie je rejoins la rivière,
Je regagne le fleuve, je retourne à la mer…
Amour au fil du temps
Lorsque la plume descend,
Improbable mortelle,
Portée par le zéphyr à ce que l’on prétend,
Frileuse et tremblotante, arrachée de son aile,
Mais blanche comme la neige que chasse le printemps,
Lorsque renaît la vie,
Fidèle à sa promesse,
Ressuscitant narcisses, muscaris d’Arménie,
Unissant bleus et jaunes, sans fard et sans paresse,
Abreuvés de rosée aux matins épanouis,
Alors tu te réveilles,
sortie droit de la fable,
Cheveux ébouriffés, lèvres rouges et vermeilles
Sur lesquelles ton sourire, miroir d’une âme affable
m’offre un quartier de vie à nul autre pareil.
Là je voudrais te prendre,
Comme l’oisillon son vol,
Rempli d’humilité et d’amour à te rendre,
Comme portée par les flots une fragile yole
Défie le fleuve immense, voguant sur ses méandres,
Mais le temps est passé,
Longtemps depuis qu’on s’aime,
Émoussant nos deux corps après toutes ces années,
Et notre fougue d’antan, qui était si certaine,
En immense tendresse lentement s’est muée.
Pourtant lorsque blotti,
Au creux de ton épaule,
Lorsque ta hanche ronde comme lune épanouie,
S’imprime dans ma chair mon émotion s’envole,
Et s’abreuve d’un amour pubère et infini.
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